| | | ISSC | Institut Suisse de Sexologie Clinique |
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3 mars 2015 : Quelles différences entre les fantasmes sexuels masculins et féminins ?
Voici le résumé de notre discussion fort animée et des riches échanges entre hommes et femmes présents en grand nombre à ce café, ponctués de fréquents rires et d'applaudissements :
- Un fantasme est-il un désir non assouvi et partagé ou fait-il partie de notre jardin secret personnel ? Les hommes auraient généralement plus tendance à avoir envie de réaliser leurs fantasmes que les femmes qui sont plus imaginatives et rêveuses
- Il est très intéressant d'analyser les différences qu'il y a entre nos rêves érotiques et nos fantasmes, les uns étant produits par notre inconscient et les autres par notre conscient. On raconte plus facilement à son partenaire ses rêves sexuels car ils sont " involontaires " que ses fantasmes ...
- Nous nous sommes demandées si réaliser ses fantasmes érotiques les neutralise et leur fait perdre leur pouvoir érotique, ou pas ? Il semble que cela dépende des fantasmes, des personnes, des situations et de la façon dont cela a été vécu : si l'expérience est très positive, elle donne plutôt envie de recommencer ! L'inverse étant valable aussi ...
- Beaucoup de femmes disent ne pas avoir de fantasme : elles censurent si bien leur énergie sexuelle qu'elles s'empêchent d'y penser, même dans leur imaginaire... En sexo-analyse, on encourage ces patientes à essayer de développer leur imagination en leur demandant : " Et si vous aviez un fantasme, qu'est-ce que cela pourrait bien être ... ? ". Toutes les techniques de relaxation, de visualisation et de méditation, favorisent l'émergence d'images agréables et donc de fantasmes
- Les fantasmes peuvent être plus ou moins simples ou complexes selon les individus et nos envies : il faut un lieu, une situation et un-e (ou plusieurs) partenaire(s). Beaucoup d'hommes fantasment sur coucher avec deux femmes et cela peut être un magnifique cadeau d'anniversaire que d'offrir à son amoureux une soirée à plusieurs si cela fait partie de ses envies... (témoignage vécu partagé et raconté). Dans un couple, on peut augmenter l'excitation en se racontant ses fantasmes ou ses envies, tout en faisant l'amour. On peut même jouer à mettre en scène nos fantasmes et déterminer ensemble la meilleure façon de les concrétiser. Les couples qui parviennent à partager leurs fantasmes décrivent une grande richesse sexuelle dans leurs échanges, une amplification du désir et le développement d'une forte complicité dans leur intimité.
- Nous sommes fortement marqués par nos premiers émois et sensations érotiques, qui proviennent souvent de notre enfance (jouer au docteur par exemple) : nous construisons souvent notre fantasme central sur ces souvenirs primitifs. Des enfants qui ont été battus ou fessés peuvent développer des fantasmes autour de ces mauvais traitements, ce qui est une façon d'érotiser des situations où ils se sont sentis victimes et humiliés, et de transformer la douleur en plaisir. D'autres deviennent bourreau au lieu de victime comme dans 50 nuances de Grey qui en est un bel exemple
- Dans le sado-masochisme (SM), on mélange la douleur et le plaisir (qui sont conduits par les mêmes nerfs sensitifs profonds). C'est une façon de rejouer adulte une situation traumatique subie dans l'enfance ou l'adolescence. Pour aimer le SM il faut le pratiquer et connaître ses règles : c'est le soumis qui détermine et fixe les règles et les limites des jeux sexuels qu'il désire expérimenter. On définit ensemble un mot qui permet d'arrêter l'expérience à tout moment, mais nous avons entendu plusieurs personnes dire que sous le coup de l'émotion, de la douleur ou de la panique, elles oublient le mot en question. Une étude récente montre que les personnes qui pratiquent le SM régulièrement (3-5% de la population générale) ne souffrent pas de troubles psychologiques ou relationnels et sont plutôt des personnes bien dans leur peau et dans leur tête, ouvertes et plus curieuses que les autres...
- Quand une femme fantasme qu'elle se fait violer, c'est d'abord pour se sentir sexuellement irrésistible (l'autre ne peut contrôler son désir et lui saute dessus). Puis qu'elle préfère imaginer que l'homme la force à prendre du plaisir sans son consentement, car dans la réalité elle a de la peine à se laisser aller à la jouissance et à lâcher prise... Il semble d'autre part que les personnes qui fantasment ou pratiquent des scénarios sexuels avec domination-soumission cherchent à relâcher les responsabilités qu'ils ont au travail et dans la vie de tous les jours en inversant les rôles sur le plan privé et intime pour pouvoir enfin se détendre et se relâcher.
- De façon générale, les hommes ont des fantasmes sexuels plus simples, plus visuels, plus physiques, incluant leur partenaire amoureuse. Alors que les femmes ont des fantasmes plus élaborés et complexes dans leur scénario, elles sont plus sensibles aux stimuli auditifs ou sensoriels que visuels, et s'imaginent plutôt avec un homme sans visage ou avec un inconnu.
- Les fantasmes entretiennent notre libido et sont le moteur essentiel de notre énergie sexuelle : sans eux, elle s'appauvrit ou manque de dynamisme ! Dans notre métier de sexologues, nous encourageons souvent nos patient(e)s à développer leurs fantasmes érotiques et à entretenir leur imaginaire sexuel (lectures, écriture, images, films...)
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