10 octobre 2017 : la solitude à deux, comment la vivre ? et peut-on l'apprivoiser ?
Introduction
Un débat comme toujours animé par Marie-Hélène Stauffacher et Michael Guy, psychologues et sexologues
Deux manières de comprendre le titre de cette soirée… Deux personnes partageant le même amour mais vivant chacune seule de son côté, ou deux personnes vivant ensemble, mais ressentant tout-de-même le sentiment de solitude...
Un même amour, deux personnes séparées géographiquement
Définition:
"solitude à deux: = deux personnes qui vivent séparément (donc seules géographiquement) mais forment malgré tout un couple, et donc se voient lorsque c'est possible. Dans ce cas y a-t-il vraiment "solitude" ? Dans son coeur chacun vit la relation de couple. Même si techniquement il y a une solitude géographique.
Situation imaginable:
Il s'agit d'un couple, mais chacun a un travail qui l'éloigne de l'autre; ou alors chacun a besoin de vivre son indépendance (autres habitudes sportives, sociales, etc...) ou est nécessaire auprès de ses proches (enfants, parents vieillissants), ou l'un est à l'hôpital ou en prison, ou ce sont des jeunes qui ne peuvent encore quitter leurs parents (études, finances)...
On part du principe que la décision de ce mode de vie ne pose pas de problème en soi, qu'elle est soit partagée et la situation voulue des deux côtés, soit indépendante de la volonté de l'un comme de l'autre.
Comment la vivre?
Dans la mesure où il s'agit d'un couple, le vivre ne pose pas de problème fondamental.
Les principes sont les mêmes que s'ils vivaient ensemble (en général la fidélité)
La confiance doit être particulièrement présente puisque l'éloignement empêche de s'assurer que l'autre est bien fidèle…
Les retrouvailles n'en sont peut-être que davantage "chaudes" puisque la vie commune n'est pas l'habitude...
Deux personnes sous le même toit, seules quand même ?
Définition:
La solitude implique d'être seul. Mais on peut se sentir seul alors qu'on est deux, et le sentiment est le même.
Le sentiment de solitude est un sentiment de dé-connexion, de lien perdu, le non-dit qui s'installe. Il n'y a plus de partage, plus d'intimité.
Si on parle ainsi de "solitude" c'est que les deux personnes le plus souvent ne s'aiment plus et en tous cas ne partagent plus de câlins même superficiels, l'un n'est plus le soutien de l'autre, son confident...
Il y a la peur de nommer ce sentiment, auprès du conjoint, d'en parler car le couple est en difficultés, on est vulnérable... il y a renoncement de la relation et le risque de persécuter l'autre ; le déclin de la sexualité et le risque d'aller voir ailleurs pour exister
A contrario, si les personnes n'ont plus de relations sexuelles au sens physique mais s'aiment encore (par exemple Monsieur (ou Madame) ne peut plus physiquement) et que le sentiment et les gestes de tendresse sont partagés, il ne s'agit pas de solitude et ce n'est pas de cela dont il est question ce soir.
Situation imaginable:
Comment on en est venu là? seuls mais ensemble…
Il y a les contraintes de la vie, le travail, les enfants, le quotidien, des attentes insatisfaites et le couple ne répare pas nos blessures personnelles. Qu'est ce que je fais de ma vie, maintenant et au delà du couple ? On est déconnecté de soi plus que du couple. Certains besoins ont été sacrifiés : l'intimité, la créativité. On ne divorce pas, par exemple pour des raisons financières, d'enfants (éducation/gestion des enfants mineurs), ou pour raisons de paresse, convenance, religieuses, ou encore pour aider l'autre médicalement…
Un couple ? Pas sûr qu'il s'agisse encore d'un couple… ses membres ont passé par la dé-connexion, le dé-engagement. Le manque d'intérêt pour l'autre et pour le couple s'installe, et la question « qu'ai-je fait de ma vie ? ». En fait on est parfois plus coupé de soi que du couple. Difficile de recréer des ponts entre soi, sa solitude, sa créativité et l'autre. Pour y parvenir, re-connecter, il faut être bien avec soi, pour être bien avec l'autre… je+tu=nous.
Le couple ne fonctionne plus, l'intimité n'est plus de la partie, ne répare plus les blessures, le manque de sexualité, avec souvent les conséquences qu'on va voir ailleurs pour exister à nouveau.
Comment la vivre?
Pour que cela soit vivable, pour que la vie soit durablement supportable, il est essentiel que chacun puisse trouver son équilibre. Pour cela
- la situation doit être claire pour les deux: le couple n'existe plus, on est des amis ou des colocataires, idéalement libres de vivre des expériences chacun de son côté
- si l'un/e a des besoins, et ne les assouvit pas à cause de la présence/l'existence de l'autre (par respect ou fidélité...) il s'aigrit et finir par en vouloir (consciemment ou pas, silencieusement ou pas) à l'autre de ne pas être libre.
- tandis qu'en s'autorisant à trouver ailleurs ce dont il/elle a besoin, il/elle peut garder équilibre et sérénité, et être un/e colocataire agréable. La situation peut durer, et n'est pas malsaine.
L'idéal est que les choses ait été mises courageusement sur la table: chacun est libre. Et fixé les limites (par exemple ne pas mettre ses amant(e)s en présence de son époux/se, et ne pas devoir faire de compte rendu des rencontres au conjoint: faut pas pousser quand même ;-)
(Ndr : le rédacteur n'était pas présent, ces quelques lignes sont donc basées sur ce qui a pu être rassemblé dans le cadre de la préparation à cette soirée, et comme souvenir récoltés des participants après coup.)
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